Les conseils professionnels d'Esther Rossi
Comment viser haut en Poker Omaha High/Low ?
Nous poursuivons notre tour du monde des meilleurs joueurs de poker et cette semaine, nous vous proposons en exclusivité les résultats de notre entrevue avec Esther Rossi, excellente adepte du Poker HORSE, originaire de Las Vegas, aux Etats-Unis.
A l’issue d’une très longue carrière commencée en 1988, Esther Rossi a toujours de beaux restes : elle nous partage aujourd’hui son expérience du Poker Omaha et nous explique notamment comment viser haut dans cette discipline.
« En Omaha High/Low, mieux vaut débuter avec des cartes faibles. Vous devez jouer des mains à double potentiel, c'est-à-dire susceptibles de vous faire gagner le pot. Qui n’a jamais été friand de scoop* ? », admet la championne, le sourire aux lèvres.
Toutefois, selon certaines circonstances, il vaudra tout de même mieux jouer des mains fortes. « Lors d’un tournoi de Poker HORSE il y a eu un revers de situation. J’ai été obligée de jouer autre chose qu’une main forte. C’était ma seule chance de pouvoir relancer après le flop ! ».
« A ce moment là, je possédais une main Ad-10d-Jc-Qc, et j'étais en position de cutoff*. Nous jouions tous au niveau 100/200 en Omaha High/Low. Les blinds étaient déjà très élevés : respectivement 50 et 100. Le joueur en première position avait opté pour un limp* il me semble, et les trois joueurs qui lui ont succédé ont tous fait pareil ! En gros, ces quatre là étaient déjà en plein dans la partie, ce qui était loin d’être mon cas pour être honnête… Voici où j'en étais: même si je pouvais composer deux jolies suites de couleur, j’avais déjà l’image d’une compétitrice féroce qui avait souvent l’habitude de relancer avec des grosses mains de départ au fort potentiel en « low ». Si je relançais à ce moment là, mes adversaires devaient tous supposer que j'avais une main faible ! C'est l'une des raisons pour lesquelles vous devez jouer les mains fortes occasionnellement, pour assurer l'effet de surprise ».
Il y a beaucoup de « limpers» en Omaha High/Low. La tradition dans cette discipline est de jouer des cartes faibles pour mieux tromper l’adversaire.
« Dans ce cas de figure précis, la probabilité que trois cartes faibles arriveraient sur la table était considérablement réduite. Et c'est précisément pourquoi j'ai relancé à 200. Mes adversaires m'ont crédité automatiquement d'A-2 et tous les « limpers » ont naivement suivi. Cela a éveillé en moi des soupçons car leur geste prouvait bien qu’ils ne disposaient que de cartes faibles ! ».
« Le flop est intervenu au moment adéquat et m’a offert ce que je souhaitais : A-Q-J et deux carreaux. J'avais donc deux paires avec un tirage Quinte Royale. Tout le monde s’est mis à vérifier les cartes. De mon côté, j’ai alors effectué une mise de 100 et tout le monde a pris la décision de me suivre ».
« Lors du « turn », j’ai obtenu un 2, je crois. C’était parfait pour mes affaires car même si l’un des concurrents avait une double paire, avec un 2, elle restait inférieure à la mienne. Les joueurs prirent un long moment de réflexion et s’entêtèrent à suivre pour le coup… ».
« La « river » m’offrit une carte somptueuse : une autre Dame, m'offrant un Full aux Dames par les As. Le premier joueur à ma gauche demanda à vérifier les cartes, le deuxième fit de même. Le troisième misa et le dernier prit la décision de relancer. Je me suis dit qu’il était impossible qu’ils aient une Quinte Royale alors j’ai moi aussi relancé. Au final, le joueur restant s’est couché et j’ai gagné la manche avec un joli pot de 4,950 jetons ! », explose Esther Rossi de rire.
« Je pense qu’au Poker, peu importe la variante, il faut savoir varier son jeu. C’est important de surprendre l’autre. Plus les gens jouent une main faible, moins il y a de chances que d’autres cartes de ce type soit distribuées par le dealer. Si vous avez une main forte formant des possibilités de suites, alors vous devez jouer cette main en raison de son potentiel à remporter la totalité du pot ».
Scoop: Dans les variantes Hi/Lo, scoop signifie rempoter la totalité du pot (le Hi et le Lo).
Cutoff: Joueur à la droite du bouton.
Limp: Dans les variantes avec des blinds comme mise obligatoire, Limper signifie suivre le montant du big blind sans toutefois relancer.